
Mariquita de Preux : correspondance
Nous avons retrouvé une intéressante liasse de documents familiaux : il s’agit de lettres dont les premières sont adressées de Grenade, Espagne à Sierre, Valais, en 1819 ; un grand-père, Jayme Steudinger, écrit en espagnol à ses petits enfants qui sont repartis en Suisse après le re-mariage de leur père, Ignace François Xavier de Preux. D’autres lettres garnissent ce dossier, et s’étendent jusqu’à 1827, mais toutes ont en commun leur destinataire: María Isabel de Preux, dite Mariquita.
Ces courriers ont fait l’objet d’un premier examen et d’une interprétation par Liliane Audrin-Haenni, arrière-arrière petite-fille de Mariquita. Liliane nous raconte l’histoire de ces familles d’officiers, et de leurs descendants, ballottés d’un pays à l’autre. On lit ce récit comme un conte, un rien romancé, où les jeunes gens sont beaux, où la vie apporte son lot d’heurs et malheurs. Lorsqu’elle a écrit ce texte, dans les années 80, Liliane ne disposait pas de données très précises en matière de généalogie, et l’essentiel de ses connaissances en l’espèce lui venaient de la tradition orale familiale.
La famille de Mariquita
Grand-père, Don Jayme Steudinger de Rupersberg, colonel de l’Armée Royale de S.M. Catholique, décoré avec les médailles du mérite pour les actions de Irún, de Mengibar, de Bailén. Chevalier de l’Ordre Militaire de San Herrmenegildo, membre du Conseil d’Officiers Généraux, Juge militaire de la capitale de Grenade. Né en Allemagne, à Wilstet, le 6 juin 1744, il a commencé à servir en Espagne, le 11 mai 1765, et se retira à Grenade le 4 août 1808. Il est décédé le 12 mars1827.
Grand-mère, Doña María Antonia Bautista y Ruis née à Carthagène le 26 janvier 1753. Elle s’est mariée le 9 juillet 1771. Elle est décédée le 13 avril 1827.
Papa, Don Ignacio de Preux, est décédé le 13 décembre 1824, âgé de cinquante deux ans, trois mois et huit jours.
Mère, Doña Teresa Steudinger est née à Madrid le 30 janvier 1778, elle a épousé Don Ignacio de Preux le 10 décembre 1800, et mourut à Grenade le 14 novembre 1808, âgées de trente ans, neuf mois et treize jours.
Tante, Doña María Steudinger, est née à Palma de Majorque le 26 juillet 1785, elle a épousé le capitaine Don Meinrad Weber, son fils Meinrad Weber est né à Schwyz le 27 mai 1807, sa fille Dona Maria Claudia Weber, née à Grenade le 30 Octobre 1809, et décédée le 23 mars 1826.
Mes frères et sœurs. María est né à Malaga le 18 novembre 1801. La Ignacia est née à Malaga le 25 mars 1804, elle épousa Don Alexander Bertha, notaire, le 19 novembre 1854.
Jakob est né à Tarifa le 24 août 1806, il est décédé le 20 mars 1871.
Antonio est né à Grenade le 1er novembre 1808, est décédé le 11 mars 1865.
Maria épousé Don François Xavier Riedmatten le 10 mars 1828. Elle a quatre enfants.
Joséphine est née le 11 janvier 1830.
Pierre-Marie est né le 4 avril 1832.
Louis est né le 14 mai 1834.
Marie Thérèse est née le 6 juillet 1836.
Joseph sont cinquième enfant est né le 16 avril 1841.
Mathilde, la sixième est née le 3 septembre 1844.
María est décédée le 5 juillet de 1860.
Nos travaux
Nous avons poursuivi les investigations de Liliane avec l’aide de Madame Gisela Dirac-Wahrenburg, afin de résoudre le mystère du patronyme de Jayme Steudinger de Rupersberg.
Don Jayme Steudinger, sergent major dans le régiment de Théodore von Reding, a peut-être souhaité donner une connotation plus aristocratique à son patronyme.
Pourquoi Rupersberg ? C’est probablement Rupertsberg, une montagne et un district de St. Georgen. On peut supposer que la famille de Jayme y a vécu.
« Chers et aimés petits-enfants de mon coeur… »
…Grand-père leur écrit, répond à leurs lettres. Il s’adresse surtout à Mariquita, l’aînée, la raisonnable, la passionnée, celle qui lui rappelle le plus Teresa. C’est toujours Jayme qui écrit. L’abuela, la tía Maria, la tía Tomasa vaquent à leurs occupations et lui dictent de temps à autre ce qu’elles ont à communiquer aux enfants, recettes de cuisine, petites nouvelles des amis…
…Voilà mon récit terminé. La petite Mariquita est morte en 1860, à l’âge de 59 ans. Elle est allée rejoindre tous ceux qui seraient perdus dans le temps, inconnus de leurs descendants, si quelques écrits oubliés dans le fond d’un placard n’étaient revenus à la surface un jour et n’avaient permis de connaître la forte personnalité de ce grand-père Jayme Steudinger, si bon, si généreux, chevauchant fièrement une crête dont les versants sont le XVIII° et le XIX° siècle (Liliane).